Il n’y a pas d’âge pour tout recommencer. Je parle ici sur le plan professionnel.
J’ai été journaliste pendant une quinzaine d’années et heureuse dans mon boulot. La plus claire partie de ma carrière, je l’ai travaillée à la presse écrite. Je pouvais donc jumeler deux passions; la première pour l’actualité et la seconde pour la rédaction.
Je vivais pour ma carrière. Elle me définissait. Elle me rendait heureuse. Je l’adorais. Je décrochais uniquement pour aller au lit avant de reprendre tôt le matin. Je ramenais du boulot à la maison. Je faisais des heures supplémentaires et je travaillais mes dossiers dans le confort de mon salon, mais ça m’importait peu parce que mon travail me passionnait.
Puis, j’ai eu mon premier enfant, mon deuxième et mon troisième. Je tentais de combiner mon amour pour mes garçons et pour celui de mon travail en conservant la même fougue au boulot, heures supplémentaires incluses. Je bossais une fois les garçons couchés et m’arrêtais pour aller dormir.
Mes rôles de mère, de conjointe et de journaliste me tenaient tous à cœur et je souhaitais performer dans chacune de ces sphères de ma vie à fond la caisse. Il semble toutefois que notre corps ne puisse tenir ce rythme éternellement. Il s’épuise et t’envoie des signaux souvent lorsqu’il est trop tard : l’épuisement et les troubles anxio-dépressifs dans mon cas.
Ma famille était ma priorité et je constatais de plus en plus que mon travail me convenait moins. Je voulais être présente de corps et d’esprit pour mes enfants et non pas consacrer la plus claire partie de mes journées à ma profession sans jamais être capable de décrocher parce que c’est un monde où, la compétition étant présente, tu te dois de performer sous peur d’être remplacée.
Épuisée, j’ai réfléchi, beaucoup. J’en suis venu à la conclusion que mon travail ne me rendait plus heureuse. Du moins, pour le moment. Et j’ai toujours caressé le désir d’enseigner. En fait, le journalisme et l’enseignement sont les deux domaines d’études qui m’intéressaient avant que j’opte pour le premier. Des intérêts diamétralement opposés, on s'entend!
Alors à 36 ans, trois enfants, j’ai pris la décision de démission d’un boulot qui m’offrait permanence, fonds de pension et avantages sociaux pour retourner sur les bancs d’école afin de devenir enseignante. Je poursuis mes projets d’écriture par la bande, mais rien qui me stresse autant que le travail d’un journaliste au quotidien. J’ai mon blogue également, travaille en service de garde en milieu scolaire pendant mes études ET, aujourd’hui, j’ai fait ma première suppléance. Et j’ai ADORÉ. Si tu m’avais dit cela, il y a un an, je t’aurais envoyé promener. Je ne t’aurais pas cru.
Parce qu’un changement de carrière, un virage à 180, abandonner ton standing, ta sécurité pour tout recommencer. Repartir de zéro. Ça fait peur, mais ça fait jaser. Les gens te pensent folle, tomber sur la tête. Que c’est passager et que tu vas regretter. Que tu devrais donc bien y penser à deux fois avant de faire le move, juste au cas ! Et tu sais quoi, ce 28 février 2020, quand je suis allée remettre ma démission, j’étais confiante et en paix avec ma décision. Je ne savais pas où ça me mènerait. Ça me donnait la frousse. Oui j’ai eu peur de regretter, je mentirais si je disais le contraire, mais une petite voix bien cachée en moi savait que je prenais la bonne décision. Que pour la première fois de ma vie, je faisais un choix pour MOI et non en fonction de l’opinion des autres. Pour mon bonheur, à moi. Et en me rendant à l’école, cet après-midi, pour ma première suppléance, j’avais une petite boule de stress, mais le sourire aux lèvres parce que j’ai fait confiance à la vie et elle me le rend bien. Il n’y a pas d’âge pour repartir à zéro.
Bravo!!!