Je ne passerai pas par quatre chemins. Je suis une femme qui souffre de troubles anxieux avec crises de panique.
Ce n’est pas une étiquette que je colle à mon front, pourtant c’est un mal qui me ronge à l’intérieur depuis toute petite. Mais, à l’époque, c’était beaucoup moins abordé et beaucoup plus tabou. Quand tu faisais une crise d’angoisse ou une crise de panique, on te disait de prendre sur toi et de te calmer les nerfs parce que C’EST DANS TA TÊTE.
Oui, c’est un problème de santé mentale, mais c’est bien plus complexe à contrôler que de simplement se dire qu’on doit se calmer les nerfs parce que ton petit hamster qui tourne dans la grande roue de ton cerveau, il a fait du speed et il ne s’arrête pas si facilement.
Petite, j’avais peur des orages électriques. Une peur bleue. À chaque fois, je sentais une boule dans mon estomac. J’étais terrorisée. Je me mettais à trembler et j’allais même jusqu’à vomir tellement j’étais angoissée. Et c’était à chaque orage électrique. À tous coups.
C’était là le début de mes troubles anxieux et panique, mais on ne mettait pas encore de mots sur ces maux ou très peu.
J’apprenais à vivre avec ces épisodes sans qu’ils ne me pourrissent trop la vie jusqu’en 2014. C’est comme si ça m’a rattrapé puissance dix. J’étais encore journaliste à ce moment-là. J’avais un rythme de vie effréné et stressant. Puis, un soir, en sortant du boulot, j’étais en voiture et j’ai senti mes bras engourdir alors que j’étais au volant de ma voiture. Tout de suite, le côté rationnel a pris le bord et mon hamster est devenu hystérique. J’étais CLAIREMENT EN TRAIN DE FAIRE UNE CRISE CARDIAQUE. Rien de moins. Mon cœur voulait sortir de ma poitrine. J’avais des sueurs. Je me sentais mal. J’ai réussi à me rendre de peine et de misère chez ma sœur et je me suis écrasée sur son sofa, entre la vie et la mort, jusqu’à ce que je mon corps s’apaise.
J’ai compris, ce jour-là, que je venais de faire une solide crise de panique. Et c’était le début d’une longue série parce que 2015 en aura vu une et puis une autres. À me réveiller à 2h00 du matin, le cœur en chamade, pensant que je faisais encore une crise cardiaque et ne plus pouvoir dormir de la nuit. En plein centre commercial, encore ces symptômes. Les bras qui engourdissent, le cœur qui débat, les sueurs froides, cette impression que ça y est, ta dernière heure est arrivée. Tu vas mourir, là, sous les yeux des gens qui ne semblent pas s’en soucier. J’ai dû sortir et aller me réfugier dans ma voiture et là seulement, je me suis calmée.
Aller dans les lieux publics était rendu extrêmement difficile pour moi. J’ai même saboté un souper en amoureux au restaurant à cause d’une foutue crise de panique. On s’entend que lorsque tu as trois enfants, les moments où tu as une gardienne pour ta tribu se font rares. Bien c’était un de ces soirs-là. Nous étions attablés et même si mon chum me parlait, ma tête, en fait mon hamster, dérapait déjà. Je sentais une boule dans mon estomac. J’avais la nausée. Je ne me sentais pas en contrôle en dehors de chez-moi. Tout à coup que je panique. Bien ça, c’est une belle porte d’entrée à cette foutue panique qui saute à pieds joints dedans. Salut la grande, je viens foutre la merde dans ta belle soirée en amoureux.
Et ça déboule. Encore le rythme cardiaque qui s’accélère, les sueurs froides, les bras engourdis et tout le bataclan. Mon chum m’a demandé si ça allait. J’ai dit oui, mais il voyait bien que non. Je me suis levée pour aller aux toilettes et je me suis mise à pleurer. Je me trouvais pathétique. Ce trouble me pourrissait la vie lors d’un moment que j’attendais avec impatience. Je suis retournée à la table. J’ai tout expliqué à mon conjoint et il m’a demandé si je préférais retourner à la maison. J’ai dit oui. OUI!!! Que j’avais honte !
Ce soir-là, ç’a été la goutte qui a fait déborder le vase. La crise de trop. Je ne pouvais continuer à faire de l’évitement. J’ai pris un rendez-vous chez le psychologue. Je devais consulter et apprendre à dompter cette bête noire. Ce mal invisible qui me pourrissait la vie. J’ai travaillé fort. Pendant des mois et des mois. Je voulais y arriver sans médication. Je me suis trouvé une saine bouée de sauvetage. Je t’en parlerai dans un autre billet. Et lors de rechutes, j’étais en colère contre moi. En colère de ne pas être capable de « contrôler » mon cerveau. En colère parce que ça se passe dans ma tête et que je n’arrive pas à gagner sur elle. Pas assez vite à mon goût .
J’ai réalisé à quel point le cerveau est FORT, très FORT. J’ai eu des périodes de découragement, mais j’ai persévéré et aujourd’hui, je compte sur les doigts d’une main les crises qui se produisent dans une année. Et je suis mieux outillée pour les gérer. Et tu sais quoi? J’en ai parlé autour de moi et j’ai réalisé que beaucoup plus de gens qu’on ne le pense sont aux prises avec ces mêmes troubles. Et je ne suis pas du tout gênée d’en parler.
Et je veux que tu cesses de te sentir mal, honteuse, si tu te trouves, toi aussi, dans la même situation que moi. Il faut lever le voile sur ce mal invisible. Faire tomber les tabous et en parler, encore et encore, pour qu’on cesse d’être stigmatisés. Parce que ça peut frapper n’importe qui et qu’ensemble, on fait partie de la solution.
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