Les mesures d’urgence sanitaires instaurées à Québec au début du mois d’avril ont forcé la fermeture des écoles et imposé le retour du télétravail pour plusieurs.
Ah, le fameux télétravail. Il ne faut pas se le cacher, ce n’est pas évident lorsque tu as une marmaille à gérer à la maison. Une fois le déjeuner englouti, on s’habille et la course à la connexion aux différentes classes virtuelles s’amorce pendant que maman tente elle-même de démarrer sa journée de travail. Puis, il y a le petit qui aimerait jouer, faire un casse-tête et être diverti, avec raison.
En pleine réunion, on te réclame une énième collation et le plus vieux est invité à terminer son cours d’éducation physique à l’extérieur, sous la recommandation de l’enseignant, alors que tu ne peux le laisser sortir sans surveillance. Ton garçon, qui est en maternelle, doit réaliser des activités avec l’aide de papa ou maman, mais cette dernière est déjà en télétravail elle-même. La maman pieuvre saigne déjà du nez. Et c’est sans compter les conflits qui éclatent parce que le cadet voudrait faire de l’écran, lui aussi, et hurle sa vie en faisant le bacon au sol parce que tu l’en empêches. Et quand un de ses frères a terminé et veut jouer avec lui, la chicane éclate et tu ajoutes la corde de la maman arbitre à ton arc.
Il n’est même pas midi, tu es brûlée, tu as réussi à accomplir à peine une tâche et tu irais te coucher. Mais tu dois faire le dîner pour ces âmes affamées et reprendre de plus belle en après-midi avec la forte envie de te servir un verre de vin.
Oui, le télétravail apporte son lot de défis et lorsque tu en parles, c’est clairement tabou. Comme si tu étais mieux de le garder pour toi parce que c’est temporaire et pas si pire que ça. Oui, c’est temporaire, mais ce n’est pas évident. Sauf qu’on oublie souvent que ce n’est pas plus évident pour les enfants. Les parents se plaignent et se plaignent encore, mais leur progéniture n’a clairement pas demandé à faire l’école à la maison. À passer une journée entière connectés derrière leur écran. À trépigner d’impatience sur leur chaise parce qu’ils auraient envie de bouger et qu’ils trouvent ça long.
Mon aîné m’a confié, cet après-midi, qu’il était déjà tanné après seulement trois jours parce qu’il dit que ça parle tout le temps, c’est bruyant et on apprend moins qu’à l’école. Je lève d’ailleurs mon chapeau aux enseignants qui doivent gérer une classe composée d’une vingtaine d’élèves impatients et agités derrière leur écran. Ce n’est pas plus évident. Le quotidien de plusieurs personnes est chamboulé. Le virtuel, on s’en rend bien compte, ne remplace en rien la réalité. Et je ne dis pas ça parce que je souhaite pousser mes enfants à grands coups de pied dans le derrière hors de la maison, en direction de l’école pour m’en débarrasser. Loin de là. Je préfèrerais les avoir à la maison sans qu’ils aient à gérer une éducation virtuelle, mais les répercussions sur leurs apprentissages seraient majeures. Ils doivent s’instruire. Cette situation, elle n’est pas idéale, mais elle est temporaire et compte tenu des circonstances, il est difficile de faire autrement. À celui qui à la solution parfaite, je demande de lever la main et de la présenter. Cela dit, il y a des jours où tu as le droit d’être à bout et de le crier haut et fort entre deux gorgées de vin. Et tes enfants ont le droit de faire de même, moustache de lait au chocolat sur le bisou. Puis, ensuite, on arrête de se regarder le nombril et on regarde ceux de nos enfants pour constater qu’eux aussi en payent le prix et qu’ils ne l’ont pas demandé. C’est tough, pour eux aussi, et on devrait davantage y songer.
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