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Valérie Bidégaré

La folle qui court en pleurs

Si mes débuts en course à pied n’ont pas été faciles aujourd’hui je ne saurais m’en passer.

Initialement, je voulais perdre du poids même si je mourais ma vie à chaque sortie; les jambes voulaient me lâcher, les poumons me sortir du corps et ma tête se demandait sincèrement pourquoi je faisais subir ces atroces souffrances à mon corps.

Puis, de fil en aiguille, c’est devenu de moins en moins pénible. J’ai observé les bienfaits que le jogging avait sur mon corps (perte de poids, merci balance), mais surtout dans ma tête.

C’est devenu une thérapie et, oui, je dois l’avouer, parfois une échappatoire.


Pendant le confinement, j’ai dû ralentir la cadence un brin parce que j’étais souvent seule avec les trois enfants à la maison. Je m’entraînais dans le confort de mon sous-sol, mais mes sorties extérieures me manquaient terriblement. Je voulais ronger les murs.

Et ça s’est amplifié il y a environ un mois. Bien que J’ADORE mes enfants plus que tout au monde, je suis une femme très indépendante, qui a besoin de sa bulle, seule, avec pas d’humains ou de petits humains à l’intérieur quelques fois dans une semaine.

Vivre avec tes enfants et ton chien sept jours sur sept entre les mêmes quatre murs en est venu à m’étouffer. J’avais besoin d’air et je n’en avais pas. Tu sais, quand tu connais pratiquement tous les moindres faits et gestes de chaque membre de la famille; l’heure à laquelle ils vont faire pipi et caca (sa couleur), combien de fois ils pètent dans une journée, chacune des activités réalisées, tous les rires et les crises de larmes, trop de détails, etc. Ça fait que le soir, lorsqu’on se retrouve pour le souper, nous n’avons plus grand-chose à nous raconter.

Ça, je crois que ça a fini par peser lourd sur mes épaules même si pour certains ça peut paraître ridicule ou banal. Les garçons en ont aussi marre d’être toujours ensemble. Ils ont de plus en plus de difficulté à cohabiter 24 heures sur 24. Dans les dernières semaines, ils se levaient en se chicanant, en se tapant, en criant, en défiant maman, en énervant le chien qui se mettait à virer fou dans la maison, en foutant le bordel et j’en passe. Il y a des matins où j’avais juste envie de mettre la scène sur pause et de hurler, voire rugir, un bon FERMEZ-LAAAAAAA libérateur.

Mais plutôt que de déverser mon impatience et ma frustration sur mes enfants, j’attendais IMPATIEMMENT le retour de papa pour aller courir. Et c’est un soir que j’ai réalisé à quel point la course est beaucoup plus libératrice que tout le reste. J’ai commencé ma séance avec une énorme pression dans la poitrine, l’impression d’étouffer, parce que prise en cage depuis des mois.

J’étais à bout, fatiguée, exténuée, vidée et je me demandais comment j’allais passer au travers des semaines à venir. J’enchaînais les kilomètres et mon envie de hurler est revenue. J’ai crié et des larmes ont coulé. Je courrais encore plus vite (une vraie débile) et ça me faisait un bien fou de laisser sortir toute cette merde accumulée dans les derniers mois. J’avais la chair de poule et j’ai vite réalisé que j’étais revenue à la maison avec le sourire aux lèvres.

Je me suis dit en moi-même que je devais être bipolaire, folle ou prête à être internée. J’avais juste envie d’éclater de rire parce que tout le long de ces 8 kilomètres j’avais semé des larmes, des cris, de la rage, des rires et j’en passe.

Quand je suis entrée dans la maison, je me sentais nettement mieux, calme, libérée. J’étais prête à affronter la tempête. Oui, clairement, la course à pied, ça ne me sert pas qu’à être en forme et perdre du poids. Ça me sert aussi de thérapie et lorsque j’ai l’impression d’étouffer au point de vouloir hurler dans un coussin, je chausse mes souliers de course et je vais déverser un flot d’émotions sur les trottoirs de mon parcours.

Si jamais tu vois passer une femme qui court comme une folle en riant, le visage inondé de larmes, bien c’est moi!

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