Ce soir-là, j’ai posé ma tête sur l’oreiller.
Comme je le fais tous les soirs, au coucher.
N’y a-t-il pas plus banal comme geste? Plus apaisant?
Pourtant, quand ma tête a touché l’oreiller, j’ai senti des ondes se transporter jusqu’au bout de mes pieds.
Sans arrêt. J’avais l’impression d’étouffer. Je ressentais une pression énorme dans ma poitrine.
Pour dire vrai, je capotais. Je pensais que j’étais en train de mourir. De faire une crise cardiaque. Essoufflée, dans mon lit, je me suis dit ça y est! Ma dernière heure a sonné et je vais crever, là, maintenant. En prime, l’expression sur mon visage sera similaire à celle d’un chevreuil qui fige devant une voiture fonçant droit sur lui alors qu’il tente de traverser l’autoroute.
Les crises de panique ça me connaît et ce n’était clairement pas cela qui s’emparait de mon corps.
Je ne comprenais pas trop ce qu’il se passait. Encore moins quand des larmes se sont mises à couler et que je pleurais en silence dans l’obscurité.
Chouette. Je suis en train de virer folle et je vais mourir. J’étais inconsolable. Je ne me comprenais plus. C’est comme si mon corps m’abandonnait tout d’un coup et que je ne pouvais plus le contrôler moi qui y arrivais toujours si bien.
Je me demandais ce qui se produisait. J’avais la frousse et je n’arrivais pas à expliquer le pourquoi du comment.
Je me sentais vide, brisée, dépourvue d’émotions et ce qui me donnait encore plus la chienne, c’est que plusieurs questions me passaient par la tête.
Qui suis-je, moi, en tant que femme? Qu’est-ce qui me fait vibrer? Quelles sont mes passions? Qu’est-ce qui me rend heureuse, MOI? Est-ce que mon boulot, mes enfants, mon mari me rendent heureuse? Des questions qui s’enchaînaient les unes après les autres à une vitesse folle.
Le hic, c’est que j’étais incapable d’y répondre à ces maudites questions. Elles ne faisaient que trouver écho dans mon cerveau de maman en pleine crise de terrible trente quelque…
J’étais perdue, inconsolable, terrifiée et même si je partageais mon lit avec l’homme de ma vie, ce soir-là, je me sentais seule plus que jamais.
Essoufflée, les yeux bouffis, l’oreiller trempe à la lavette, j’étais allongée sur le dos dans l’obscurité. Je fixais le vide et c’est là que j’ai compris que non, je n’allais pas mourir, mais que je venais plutôt de frapper un mur pour la toute première fois de ma vie. LE MUR!
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