Mardi matin. Mon cadran a sonné vers 5h50 et je n’avais qu’une envie, le lancer au bout de mes bras pour le faire taire.
Je n’ai pas très bien dormi. Tu sais, le genre de sommeil pendant lequel tu te réveilles pratiquement toutes les heures? Où tu es carrément plus fatiguée au levé que lorsque tu t’es couchée?
Merci lundi de crotte et ton overdose d’émotions. J’étais vidée, brûlée, exténuée d’avoir géré des problèmes et des chichis en plus de la routine habituelle.
Alors, ce matin, je n’étais pas d’humeur. J’aurais préféré rester couché. Il faut dire que j’ai la fâcheuse habitude de tout garder à l’intérieur. J’inculque à mes enfants de parler de leurs émotions, de le dire avec des mots, mais maman, elle, elle ne le fait pas. C’est plus fort que moi. Je garde tout en dedans depuis…toujours. J'accumule mes émotions comme on collectionne des pièces de monnaie ou des bouchons de liège ou....whatever! Ah non! Je déversais mes émotions sur les pages de mon journal intime. Autant dire un roman. À en avoir la main endolorie et noircie par le crayon.
Aujourd’hui, je n’écris plus dans mon journal, j’expulse mes émotions à travers la course. Et ça tombe bien, j’avais prévu aller courir cinq kilomètres, ce matin.
Autant te dire que ma motivation se chiffrait à -1000. Elle était bien enfouie sous mes talons. Je me trouvais mille et une raisons pour retarder mon départ; manger une pomme, naviguer sur Facebook, flatter le chien, partir une brassée de lavage.
Bon, j’avais enfilé mes vêtements de course et je n’avais qu’une heure trente avant le travail, je n’avais pas le choix de finir par me botter les fesses. Alors, je suis partie et j’ai trottiné légèrement pendant quelques minutes. Oh que ça allait être pénible. Mes jambes ne suivaient pas.
Puis, j’ai décidé de me servir de mon trop-plein d’émotions pour me propulser. Okay, à go mon volcan des émotions, tu exploses, tu entres en éruption. Et je suis partie comme une fusée ou une #$?&*%?#@#% de folle. Mon corps fendait le vent. J’extériorisais ma rage, ma fatigue, mon découragement, ma joie et ça me faisait un bien fou. Usain Bolt, viarge!
J’enchaînais les kilomètres comme une gazelle, à une vitesse folle. Et j’entendais cette célèbre phrase « Cours Forrest! Cours! ». Ça me faisait sourire parce que les gens qui me croisaient dans la rue devaient se demander qui je fuyais.
Le pire, c’est que je ne me rendais même pas compte de ma cadence jusqu’à ce que je termine mon parcours et que ma montre affiche 22 minutes et des poussières. J’avais parcouru cinq kilomètres en 22 minutes. Mon meilleur temps EVER. Moi qui n’avais pas envie d’aller courir. Moi qui aurais préféré rester en mou et dormir. J’ai battu mon meilleur temps de plus de 5 minutes.
J’avais les poumons en feu. La tête libérée. Le sourire aux lèvres et les larmes aux yeux. Sérieux, la mère….Gère-toi!
J’ai craché mon venin autrement et ça m’a fait un bien fou. Ça ne règle pas tout, non, mais ça m’a calmé les émotions sur un moyen temps.
C’est fou comme la course me fait du bien physiquement et mentalement. Comme je me dépasse à des moments où je m’y attends le moins. Où je sors de ma zone de confort et que j’aime cela. C’est une drogue, j’en ai besoin.
Besoin de faire le vide et de suer mon trop plein d’émotion l’espace de quelques kilomètres.
Alors, ce matin, si tu as envie de lancer ton réveil-matin dans le mur, que tu es fatiguée et de mauvais poil, va donc suer ta vie un brin. Tu m’en reparleras !
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